Conversations avec Dieu




y a-t-il une explication ?

J'ai dans ma famille un cas d'autisme profond : 12 ans, connaît à peine son nom, se nourrit avec les mains, ne sait pas parler, ne reconnaît pas les images. Ses parents essayent tout pour le sortir de sa bulle, rien ne fonctionne et tout le monde est épuisé. Les médecins pensent que c'est un cas désespéré. C'est simple : mes chats et mes oiseaux comprennent mieux que lui, il y a plus de communication.
Ce petit être est né ainsi, sa chance est que ses parents ont les moyens financiers de tout essayer pour le faire évoluer. Je pense à tous ceux qui sont comme lui et dont les parents n'ont pas les moyens d'investir dans les méthodes qui pourraient faire évoluer, les parents qui n'ont pas la culture nécessaire pour discuter avec les administrations, médecins, organismes divers et variés chargés d'aider.... POURQUOI ? à quoi rime toute cette souffrance ? ouiiiiii bien sûr la souffrance morale est un sentiment qu'on doit maitriser du plus profond de sa sagesse, ne pas se révolter etc..... à toute personne qui me répondrait ce genre de discours je lui conseille de passer une journée avec un autiste profond... après nous discuterons.
Au moins avec ce genre de maladie, les familles comprennent ce que signifie aimer. Aimer gratuitement, sans espoir de retour, aimer désespérément. Cette famille habite Paris dans le quartier des attentats. La maman m'a dit un jour : si je dois disparaître dans un attentat, il vaudrait mieux que le petit soit avec moi car que deviendrait-il sans moi ? 
Dieu doit-il vraiment fendre les coeurs à la hache pour nous apprendre à aimer ? Dieu est-il autiste ?

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Cette question ne contient-t-elle pas sa réponse, du moins un élément de réponse?

..."Au moins avec ce genre de maladie, les familles comprennent ce que signifie aimer. Aimer gratuitement, sans espoir de retour, aimer désespérément."

Dieu n'est certainement pas un autiste, mais elle expérimente cet état à travers cet enfant. Cette énergie originelle a créé ce monde relatif pour pouvoir expérimenter un des aspects de ce que nous sommes tous: le joie!

Sans le contraire de la joie, la tristesse la plus profonde, la plus désespérante, l'expérience de la joie est impossible.

Tu le sais, bien entendu (ayant lu CAD), mais je comprend que cette explication peut paraître froide et peu compatissante au regard de cette souffrance vécue par les parents et leurs proches. un peu comme si on disait qu'il faut qu'il y ait des vies sacrifiées.

C'est le sentiment que l'on a quand on est dans cette expérience douloureuse. La douleur ressentie face à cette épreuve est naturelle et ne doit certainement pas être réprimée, contrôlée ou "maîtrisée". Ressentir cette douleur est tout à fait approprié. Réprimer le ressenti n'est pas de la sagesse. Bien au contraire, cette répression peut empêcher toute évolution et toute résilience. Car c'est en observant ce ressenti, tout en lui laissant de l'espace pour exister et être pleinement ressenti, que cette douleur pourra éventuellement avoir un sens.

En ce qui concerne cet exemple d'autisme, il me semble que c'est de l'acceptation qui est appropriée. Parfois, face à des évènements sur lesquels nous n'avons aucun contrôle, l'acceptation peut s'imposer comme seule réponse. Face à des désastres ou des maladies, il y a parfois une mise en veilleuse de l'ego automatique. Quand il n'y a pas d'autre choix, cette réponse automatique s'impose sans efforts. Et c'est de cette forme de lâcher prise que certaines personnes retirent parfois leur force pour faire face à l'évènement douloureux. L'acceptation rend le combat encore plus admirable.

Dans CAD, il y a un passage qui dit "quiconque croit que la souffrance me plaît ne me connait pas" (ou quelque chose comme ça, pas au mot près). Pourquoi tant de souffrance alors? Dieu choisit-il cela?

Et bien non. Dieu ne choisit pas la souffrance. La souffrance est le choix que nous faisons face à la douleur, surtout quand on résiste et lutte contre cette douleur; ou qu'on la juge (car du point de vue de l'âme, cette expérience est profitable tant pour l'enfant que pour les parents); ou qu'on s'y identifie.

Et c'est pourquoi cette douleur doit être acceptée et pleinement ressentie. Pas pour la faire disparaître ou essayer de comprendre mentalement ou intellectuellement. Mais pour progressivement laisser émerger l'être qui observe tout ça. En laissant cette douleur s'exprimer et être pleinement ressentie (il s'agit bien de porter notre attention sur la douleur, de la ressentir, pas sur tous les scénarios et jugements en tout genre que l'on y appose!), un silence se dégage de tout ça, ou un grand calme, ou un vide apaisant, ou...

Toute expérience de douleur extrême recèle une occasion d'éveil accéléré.

La volonté de chercher un pourquoi à ce genre d'expérience est le signe d'une conscience qui lutte encore. Ceci est bien naturel et compréhensible (qui ne l'a pas fait face à une injustice?). Mais ça crée de la souffrance. L'opposé de ce pourquoi, c'est la gratitude inconditionnelle qui peut résulter de ce travail d'acceptation et d'observation de ce qui est.

Dieu ne choisit pas de fendre les coeurs en rendant possible ce genre d'expérience (que nous choisissons à un certain niveau). Nous pouvons choisir de renforcer nos coeurs (ou de les fendre nous-même) grâce à cette expérience. Les parents de cet enfant n'ont pas d'autre choix que de le renforcer, c'est automatique... à cet égard, c'est peut-être plus difficile pour toi cofr (?)

Cette affirmation est touchante: "si je dois disparaître dans un attentat, il vaudrait mieux que le petit soit avec moi car que deviendrait-il sans moi ?"... ça démontre à quel point la maman est consacrée avec un amour vrai pour cet enfant.

Quel exemple elle donne! Tant de parents sont des messagers d'amour sans le savoir.

Voilà, je ne prétend pas que cette réponse est satisfaisante et complète. Ni que c'est facile (je me demande si j'aurais autant de courage!). C'est juste le mieux que je puisse dire avec mes moyens d'être en évolution, si peu avancée en fin de compte.

Divinamicalement tout de même

Merci pour ta réponse. L'acceptation de l'enfant n'est pas facile mais il n'y a pas le choix (enfin si il y a un choix possible c'est de l'abandonner à la DASS ou dans une maison spécialisée et briser tous les contacts, mais voilà, c'est impossible, nous l'aimons). L'acceptation du fait qu'il y a des autistes profonds et d'autres handicapés profonds donne un sentiment d'injustice, de détresse, de désespoir et d'incapacité à faire quelque chose d'efficace pour eux, quelque chose qui les protégerait pour le restant de leur vie des maltraitants, des escrocs, c'est cela le pire. Une dame de mon quartier qui a vu l'enfant m'a dit : chez nous (en Algérie) on dit le Dieu fera. Le pire c'est de ne pouvoir le protéger à vie. Pour le reste de la famille les coeurs sont fendus pour les parents et l'enfant. La maman a le coeur fendu pour son gamin. Le père est moins touché car il est autiste léger ce qui signifie qu'il a réussi une école d'ingénieurs et travaille, le handicap n'est pas décelable immédiatement, mais comme les autistes il ne ressent aucune douleur (un autiste peut regarder sa main brûler par exemple sans aucune réaction car il ne ressent pas la douleur), ni le chaud, ni le froid. Par contre un détail peut déclencher une crise de colère (la cafetière branchée à gauche au lieu d'être à droite). Il ne voit pas ce qu'il faut faire, si sa compagne veut qu'il fasse quelque chose elle doit expliquer en détaillant tout MAIS il comprend son fils, il est le seul à savoir ce qu'il veut, ce qui se passe..... Donc la maman de l'autiste n'en gère pas qu'un. Son compagnon n'a pas estimé avoir à prévenir avant de faire un enfant que dans sa famille il y avait beaucoup d'autistes.... oui je râle. Ce n'est pas que je n'accepte pas c'est que j'ai de la peine encore plus pour la maman que pour le petit qui lui est heureux pour le moment. Je reconnais l'utilité de cette épreuve pour la maman en particulier. Avant l'enfant elle était très égoïste, pas sentimental, un coeur sec, dure sans méchanceté, très bling bling et assez insipide il faut le dire malgré tous nos efforts pour humecter un peu ce coeur. On dirait que Dieu s'est chargé de faire mariner ce coeur. La famille fait partie des dégâts collatéraux. Il paraît que les moulins de Dieu moulent lentement mais finement.... Effectivement nous ne sommes pas obligés (la famille) d'éprouver de la douleur pour la mère et l'enfant mais cette impuissance.... un peu comme si on assistait à un accident sans pouvoir porter secours aux victimes.
Merci encore pour ta réponse, je sais le cas est difficile.

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Oui, très difficile.

Merci pour ces détails supplémentaires qui définissent mieux la difficulté de la situation.

J'observe qu'en effet, la mère a été mise au pied du mur, et l'ouverture du coeur dans certaines circonstances intenables est comme une réponse automatique. Le mental-ego est impuissant face à l'incompréhensible. Dieu en elle a fait son oeuvre, on peut le dire.

Je ne qualifierais pas le défi que représente cette situation pour le reste de la famille de "dégâts collatéraux". Le défi est, d'un certain angle, plus difficile pour la famille car le travail d'acceptation est compliqué. La mère est trop submergée par la situation pour se permettre le "luxe" de "mentaliser" le problème; le fait d'avoir été obligée d'évoluer et de laisser éclore son amour vrai ne semble pas t'échapper.

Le travail d'acceptation radicale pour la famille est plus laborieux. Ton affirmation "Effectivement nous ne sommes pas obligés (la famille) d'éprouver de la douleur pour la mère et l'enfant mais cette impuissance...un peu comme si on assistait à un accident sans pouvoir porter secours aux victimes", en témoigne selon moi, de cette difficulté.

Je pense que la plupart d'entre nous, peut importe la profondeur de notre engagement spirituel, ressentirions la même chose.

Pourtant, ce ressenti fait partie du cheminement. Et le refouler totalement (ce qui n'est pas ton cas) ou dans une moindre mesure, le refouler partiellement en refusant d'être pleinement présent à ce ressenti (en ne se sentant pas obligé...), ça crée de la culpabilité qui s'exprime sous la forme du sentiment d'impuissance.

La culpabilité, contrairement à ce que l'on croit, ne survient pas uniquement vis à vis de nos actes personnels ou de nos échecs en tout genres. Elle survient aussi par rapport à ce qui nous est "infligé par autrui" (selon notre perception limitée car rien n'arrive sans notre intervention de co-créateur).
Nous ressentons erronément que notre valeur et notre capacité à être aimé sont misent en cause par des comportements d'autrui. Et il en va de même avec n'importe quelle circonstance extérieure désastreuse ou injuste. Elles sont vécues comme des condamnations, ou de façon atténuées comme de l'impuissance et du désespoir.

Et c'est cette impression de culpabilité sous-jacente, presque indécelable, qui impose une fuite plus ou moins prononcée de notre ressenti. Et par cette fuite et ce déni du ressenti, on renforce le malaise à cet égard. Il est tout à fait naturel de passer par ce déni et de tourner en boucle entre culpabilité et émotions.

Alors qu'en définitive ce ressenti peut devenir à tout moment une issue à ce cercle vicieux, une voie de retour à soi. En focalisant notre attention sur le corps par exemple. Ressentir dans le corps est plus sain que dans le mental-esprit; ça évite de s'accrocher avec l'ego qui inévitablement va créer de l'identification et créer un problème avec ce ressenti.

ressentir dans le corps, s'ouvrir à ce qui est ressenti, sans juger et sans chercher à en faire quelque chose, aura pour effet de laisser la place à l'observateur en nous qui est empreint de conscience.

C'est par l'ouverture intérieure plutôt que par la recherche de compréhension intellectuelle, que cette expérience à première vue insoutenable, pourra prendre tout son sens et accomplir son oeuvre de transcendance, comme cela s'est fait automatiquement avec la mère.

Divinamicalement.

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